Mitoyenne à deux zones d’Afrique de l’ouest fortement infectées par le Covid-19, la ville d’Aboisso rythme au tango entre prudence et défiance des mesures barrières. Dans les gares routières, l’application des règles édictées par les autorités sanitaires et gouvernementales relève d’une volonté aléatoire.
C’est la capitale du Sud-Comoé, une région d’interculturalité et d’échanges commerciaux intenses depuis les routes du Ghana à la mégapole portuaire Abidjan. Parmi les pays frontaliers à la Côte d’Ivoire, le Ghana présente le plus grand nombre de porteurs déclarés du virus Covid-19. Par ailleurs, les autorités du Ghana décident de l’allègement des dispositions sanitaires pour la reprise économique.
Au niveau des gares routières à Aboisso, aucune précaution prise ou respectée de façon stricte. Rares sont les gares où l’on observe des dispositifs de lavages des mains. Plusieurs chauffeurs par contre veillent à garder leurs masques de protection faciale. Cependant, les gares font office de lieux de restauration rapide, alors si le lavage des mains dans un tel environnement n’est pas facilité, l’autoroute des maladies s’ouvre. Au passage, 80% des bactéries proviennent des mains sales.
Plus teigneux, les passagers rejettent le port du masque, sauf quelques personnes prudentes occasionnelles. Le Ghana compte 1154 testés positifs au Covid-19. Les contrôles aux frontières entre ce pays et la région du Sud-Comoé sont émaillés à une fréquence régulière. Au niveau des postes officiels, des prises de températures s’effectuent.
Du côté d’Abidjan, 94% des cas positifs de Covid-19 en Côte d’Ivoire s’y concentrent. Deux(2) personnes avec une température anormale ont été conduites à l’hôpital d’Aboisso pour des analyses plus poussées, ce jeudi 23 janvier 2020. Elles ont été accompagnées par les gendarmes en service au « corridor sud d’Aboisso route d’Ayamé », après un contrôle de température fait par une équipe sanitaire, aux environs de midi. Ces personnes revenaient d’Aboisso et se rendaient, l’une à Amoakro et l’autre à Ayamé.
Dans la région, les populations ne mesurent pas encore la gravité de cette pandémie. Les mesures barrières prescrites par le gouvernement ne sont respectées qu’à moitié par certains et carrément défiées par d’autres, qui postillonnent au visage des populations l’intox de théories complotistes. « C’est une invention de l’occident », résument ces instigateurs de débats dans les gares.
A la vue de cette indiscipline notoire, au Ghana, des commerces ferment à nouveau malgré l’allègement des mesures réétudié par le gouvernement. C’est aussi l’indiscipline qui a conduit à l’adoption de mesures fermes par le ministère du tourisme en Côte d’Ivoire. A Aboisso, les repères de la restauration sont fermés à l’instar du restaurant Le Sanwi. Au niveau de certains maquis et bars de faible renommée, les tenanciers jouent à cache-cache. La boisson n’est servie qu’aux habitués. « A Asssouba, les restaurants connus de tous sont fermés. Mais, il y a des petits coins de domicile qui se cachent pour vendre », rapporte un habitant.
Les populations dans leur globalité ne semblent pas appréhender la gravité de la pandémie du Covid-19 avant l’heure du couvre-feu. La Côte d’Ivoire vient pourtant de dépasser 1077 cas. Certains cadres aux ambitions électorales distribuent des vivres aux populations. Les différents magistrats de communes font pareils. Cependant des campagnes de sensibilisation de proximité suivies et adaptées à la région restent sporadiques. Cette crise sanitaire mondiale ne stimule pas des échanges pour des changements durables ne serait-ce qu’à l’échelle locale.
La mairie d’Aboisso procède à l’assainissement du grand marché. Dans les transports en commun, une réduction des passagers s’effectue. Dans l’ensemble, les mesures de prévention s’adoptent mieux que les consignes de protection.