Après quatre mois d’assistance apportée au processus électoral en cours en Guinée, pays d’Afrique de l’ouest, l’OIF annonce son retrait suite à de nombreuses insuffisances. Le pouvoir envisage pourtant des élections dans moins d’une semaine, ce 1er mars 2020. Des tensions couronnées de violences meurtrières s’observent avec la caution du Président Alpha Condé.
Comme une véritable mule qui perd la tête, la Guinée s’engouffre depuis octobre 2019 dans une escalade de violences liées à des contestations du processus électoral et référendaire. En perspectives présumées, des possibilités juridiques rafistolées pour l’accaparement du pouvoir sont à craindre et suscitent des plaintes. Comme point de situation, une quarantaine de morts brutales et de plusieurs traitements inhumains après des manifestations.
Dans un communiqué limpide, l’Organisation Internationale de la Francophonie(OIF) « implore » les décideurs de ce pays afin d’ « enrayer tout escalade de violence » et dans l’attente d’un consensus entre les acteurs sociopolitiques, l’OIF quitte cette scène inique. Une décision qui corrobore avec nombre d’organisations présentes en Guinée.
« Il est important de rappeler que cet audit international de 2018 avait révélé que le fichier électoral de 2015 comportait 2.490.664 électeurs problématiques, qui, bien que n’étant pas repassés en 2019 devant les Commissions administratives d’établissement et de révision des listes électorales (CAERLE) pour confirmer leur inscription, continuent malgré tout de figurer dans la base de données actuelle. Les insuffisances constatées sur ces effectifs incluent notamment un certain nombre de cas d’électeurs décédés, non déclarés ainsi que des doublons. Au total, il s’avère que 98% de ces 2.490.664 électeurs ne disposent pas de documents permettant leur identification, bien que la loi prévoie 6 types de pièces pour justifier l’identité et l’âge de l’électeur.
Sur le constat de ces insuffisances qui persistent, et qui ont été particulièrement signalées à la Commission électorale lors de la récente remise du rapport de mission, il sera difficile pour l’OIF de continuer à soutenir le processus électoral en Guinée, tant qu’un consensus sur le nombre d’électeurs ne sera pas négocié par toutes les parties prenantes nationales. », détaille le communiqué de l’OIF.
Devant les graves violations des droits de l’homme, l’OIF « condamne fermement tous les actes ayant déjà causé des morts et implore les autorités guinéennes, comme elle a eu à le faire à plusieurs reprises, d’agir rapidement pour éviter toute perte additionnelle de vies humaines et enrayer tout risque d’escalade vers la violence », poursuit-elle.
Une décision félicitée par ces citoyens guinéens dont la liberté de réunion, l’intégrité physique et le droit de vote sont bafoués.